Comparatif des plateformes no code / low code

Comparatif des plateformes no code / low code Aux côtés des pure player comme Mendix et OutSystems, les géants du numérique BtoB avancent leurs pions sur l'échiquier des environnements de développement sans code.

Le low code a pour ambition de répondre à deux grands enjeux des CIO et des CTO : raccourcir la mise sur le marché des applications à l'heure de la transformation numérique, et contourner la difficulté à recruter des développeurs. Pour rappel, une plateforme low code propose un environnement de développement intégré qui s'affranchit du codage en dur. Pour Alain Fauré, manager au sein du cabinet de conseil Octo Technology, la dénomination low code (ou no code) est limitative. "Au-delà de la génération de code, ces solutions couvrent tout le cycle de vie d'une application depuis le design, la navigation, le test et le déploiement jusqu'à l'exploitation et la gestion des versions", égraine le spécialiste. Cela reste du développement, tempère-t-il. "Ces plateformes permettent de s'affranchir de la partie technique. Mais pas du volet conceptuel et méthodologique : manipulation des données, cinématique des écrans..."

Sur le marché des "low code application platform" (LCAP), Gartner classe Appian, Mendix et OutSystems dans le carré des leaders de son dernier quadrant magique. Il y hisse aussi les ténors du numérique Microsoft et Salesforce, tous deux arrivés plus récemment sur ce marché. Quant à ServiceNow, le cabinet d'études le place parmi les challengers. Son concurrent Forrester exclut également ce dernier de son top 5 et n'intègre pas Appian dans son palmarès. Leur modèle tarifaire diffère (cf. le tableau ci-dessous), ce qui rend leur comparaison difficile.

Les pure players

Solution nativement cloud lancée en 2005 et rachetée par Siemens en 2018 pour 600 millions d'euros, Mendix s'adresse aux codeurs professionnels tout en proposant une interface visuelle (Mendix Studio) pour les citizen developpers, ces développeurs novices ou experts métier souhaitant concevoir un prototype ou une première version d'application sans avoir à écrire une ligne de code. La plateforme s'inscrit dans une approche DevOps d'intégration et de déploiement continus (CI/CD). Elle se déploie sur la plupart des clouds publics (Amazon Web Services, Azure, Google Cloud...). Sur ce terrain, Mendix a notamment noué des partenariats forts avec IBM et SAP.

Le rachat par Siemens offre des opportunités de développement pour Mendix et le positionne idéalement sur le marché du low code dédié à l'internet des objets industriel. Toutefois, ce parti pris pour l'IoT et la dilution de l'éditeur néerlandais au sein du conglomérat allemand pourraient, selon Gartner, détourner Mendix de sa vocation de plateforme low code traditionnelle.

OutSystems se spécialise sur plusieurs verticales : assurance, banque, santé, secteur public...

Autre pure payer, OutSystems a démarré au Portugal en 2001 avec un environnement de RAD (pour rapid application development) basé sur .Net, avant de traverser l'Atlantique et d'évoluer vers une plateforme low code. OutSystems propose des déploiements sur les clouds d'Amazon (AWS) et de Microsoft (Azure). Présent chez les grands comptes, l'éditeur revendique Axa, ING, Schneider Electric ou encore Volkswagen parmi ses références. S'adressant prioritairement aux développeurs, la plateforme se décline aussi pour les citizen developpers.

OutSystems se spécialise sur plusieurs verticales (assurance, banque, santé, secteur public...) et son app store Forge comprend plus de 3 250 composants logiciels et connecteurs réutilisables. Côté faiblesses, Gartner et Forrester pointent du doigt une tarification particulièrement complexe qui distingue les employés des utilisateurs externes, les premiers étant facturés par cent et les seconds par dix mille.

Face à ces deux ténors, Alain Fauré conseille, pour des raisons de pérennité et de réversibilité, de regarder du côté du monde open source, évoquant notamment la solution française Convertigo pour le développement d'applications mobiles.

Les généralistes

A l'opposé du spectre, on trouve Microsoft qui investit le terrain du low code depuis quelques années. L'éditeur a réuni trois briques existantes : PowerApps pour l'interface utilisateur, Power Automate pour automatiser les processus et interconnecter les applications, et Power BI pour analyser les données. Le tout formant ce que l'éditeur appelle la Power Platform. Cette unification sous une même marque met fin aux critiques sur le manque de visibilité de l'offre de Microsoft. Mais cette unification ne se retrouve pas au niveau tarifaire. Plutôt que de proposer un package unique, Microsoft continue à facturer les produits composant Power Platform indépendamment.

Comme souvent, Microsoft tire profit de son antériorité en entreprise. Les utilisateurs d'Excel ne seront pas désarçonnés par le "look and feel" de PowerApps ou de Power BI. Les développeurs néophytes peuvent partir d'un modèle et le personnaliser selon les besoins spécifiques en l'enrichissant avec des entités et des champs personnalisés. Power Platform s'appuie sur le Common Data Model (CDM) de Microsoft, un référentiel qui rassemble plus de 200 schémas de description d'activités et concepts métier.

Lightning bénéficie des briques de Salesforce dans l'IA, le DevOps, l'IoT et la blockchain

Les applications créées bénéficient de la richesse des produits de Microsoft, et notamment des solutions Dynamics 365 et Microsoft 365 (ex-Office 365). Power Automate dispose de plus de 250 connecteurs pour lancer des passerelles vers des bases de données ou des solutions d'éditeurs tiers comme Salesforce ou SAP. Enfin, le module Power Virtual Agents permet de créer, toujours sans code, des chatbots à vocation interne ou externe.

Dans le sillage de Microsoft, Salesforce met aussi le cap sur les applications low code. L'éditeur de San Francisco, qui a déjà deux PaaS dédiés à la création d'applications, a pris le tournant du low code en 2015 avec le lancement de Lightning. Si cette plateforme se concentre avant tout sur la personnalisation de l'expérience utilisateur des solutions de Salesforce, à commencer par son célèbre CRM, elle s'étend en parallèle à plus de 5 000 logiciels tiers via sa place de marché AppExchange.

Lightning bénéficie par ailleurs des briques de Salesforce dans l'IA (Einstein), le DevOps (DX), l'IoT (IoT Explorer) et la blockchain (Salesforce Blockchain). Les applications créées peuvent être hébergées sur le cloud de l'éditeur ou sur AWS. Gartner regrette que Lightning ne propose pas de possibilités de déploiement hybride. En dépit de l'acquisition de MuleSoft par Salesforce en 2018, les clients interrogés par le cabinet d'études pointent les difficultés d'intégration de Lightning. Forrester complète en observant que des clients déclarent recourir au codage pour répondre à des besoins d'intégration et de reporting.

Autre ténor du numérique à se positionner sur le low code : Google. En janvier dernier, le groupe californien rachetait AppSheet et annonçait dans la foulée son intention de stopper le développement de sa propre solution low code (App Maker) au profit de l'offre de ce dernier. Chez Octo Technology, Alain Fauré salue ce revirement. "Dotée d'une interface peu ergonomique, App Maker était trop complexe à manier pour les profils business", reconnait-il.

Les spécialistes du processus

Venu du segment du business process management (BPM), Appian fait depuis quatre ans du low code son cheval de bataille. L'éditeur américain, coté en bourse, se concentre sur l'automatisation des processus, la gestion des règles métier et la modernisation des applications existantes. Sa plateforme fait aussi appel à la robotisation des tâches à faible valeur ajoutée (RPA).

Misant sur l'association du low code et de l'IA, Appian s'appuie sur les services de machine learning de Google Cloud. Il dispose d'une place de marché bien fournie en applications préconstruites, extensions et autres outils, gratuits ou payants.

Selon Gartner, la plateforme d'Appian se destine davantage aux développeurs professionnels. Relevant ses nombreuses références parmi les groupes internationaux (Groupama, Natixis, Sanofi, Transdev), le cabinet pointe "un manque de souplesse contractuelle" chez l'éditeur. Appian a récemment modifié son modèle de licence pour répondre à cette critique.

Dernier acteur de ce comparatif, ServiceNow est historiquement connu pour son positionnement dans la gestion des services informatiques (ITSM). Sa solution low code Now Platform se destine donc tout naturellement aux développeurs "de tous niveaux", mais pas aux profils business. Ce que déplore Gartner. ServiceNow estime, pour sa part, s'adresser également aux novices.

Doté d'une place de marché bien fournie, Now Platform permet, entre autres, de concevoir des workflows automatisés et des chatbots, en introduisant y compris du machine learning (via la brique Performance analytics), mais également des applications mobiles.